*Avant la naissance de Pandora*
Les pas d’Eliana raisonnent sur le parquet de sa chambre. Depuis plus d’une journée, elle ne cesse de tourner en rond. Heureusement qu’elle a passé la majorité vampirique de leur royaume, fixée à 250 ans, il y a de cela 20 ans, sinon, elle n’aurait pas pu rester autant de temps éveillée. Caressant son ventre bien rond d’un air absent, elle avale difficilement sa salive avant de s’arrêter face à la fenêtre, fixant le chaos qui règne dehors. Son frère, Belioz, est porte de leur château, prêt à attaquer. Et même si Eliana sait qu’ils ont l’armée nécessaire, elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter. La porte de la chambre s’ouvre et elle soupire de soulagement, avant de courir dans les bras de son époux. «
Galion, je t’en supplie, n’y va pas. » Au lieu de répondre, il la prend dans ses bras, la serrant contre lui, respirant une dernière fois son odeur. Il pense gagner. Mais comme tout bon Roi, il sait que la bataille peut se perdre en une fraction de seconde. Il espère que cette seconde sera pour ses ennemis et non pour ses troupes. Se reculant, il prend le visage de son épouse, avant de l’embrasser tendrement. «
Je reviendrai, je te le promets. Veille sur notre petite princesse. » Et sans un mot ou un regard de plus, il sort de la pièce, refermant la porte dans un bruit sourd. Incapable de bouger, après de longues minutes, Eliana entend la corne qui sonne. La guerre est commencée.
*Naissance de Pandora*
Les cris raisonnent dans le château. Même si chacun est anxieux, la bonne humeur règne dans les couloirs. L’enfant tant attendue va arriver, ce n’est plus qu’une question d’heures. Dans la chambre de la Reine, les domestiques s’activent, préparant tout pour l’arrivée du bébé. Galion est inquiet, même s’il n’en montre rien. Croisant le regard de Délian, il hoche simplement la tête, avant d’aller tenir la main de son épouse. Il sait que c’est dur pour son meilleur ami d’être là, car il ne pourra jamais avoir d’héritier. Mais le Roi a besoin de son soutient et en bon ami et confident, Délian est présent. Un énième cri qui s’écrase contre les murs de la chambre, avant que le bébé se mette à hurler à plein poumon, étant arraché du cocon douillet où il se trouvait. «
Félicitations mes Seigneurs, c’est une magnifique petite fille que voilà. » Le guérisseur, un fée d’environ 300 ans, dépose l’enfant dans les bras de la mère fatiguée, avant de leur laisser l’intimité dont ils ont besoin.
*Les 50 premières années de Pandora*
Ayant l’apparence d’une enfant de 7 ans, Pandora grandit rapidement. En pleine forme, elle court partout dans le château ou dans la cour, au plus grand bonheur de ses parents et des domestiques qui la surnomment ‘petit rayon de soleil’. Elle est le brin de douceur que tous ont besoin. Mais un soir, alors qu’elle commence à s’endormir, n’arrivant pas à tenir comme ses parents en pleine journée, un bruit sourd raisonne. Comme un bruit de canon. Et puis, c’est la panique. Se relevant dans sa chemise de nuit bleue ciel, Pandora tente d’ouvrir sa porte. Mais elle n’y arrive pas. Les larmes roulent sur ses joues, quand une domestique arrive et tente de s’enfermer dans la chambre de l’enfant. Sauf qu’il est trop tard. L’homme en noir ouvre la porte et sous les yeux de l’enfant, cachée sous son lit, arrache le cœur de la femme. Pandora retient son cri, voulant se montrer discrète. Après de longues minutes qui semblent être des heures, l’homme s’en va en hurlant qu’il faut trouver Eliana. Se relevant, les jambes tremblantes, la petite sort de la pièce, à la recherche de ses parents. Ouvrant la porte, elle se met à hurler, avant qu’une main ne se plaque sur sa bouche. Mais elle se débat, voulant rejoindre le corps ensanglanté de ses parents. Une voix chuchote à son oreille et elle se calme. Délian est là, la tenant dans ses bras. Les sauveurs sont là. Ils vont pouvoir éloigner les méchants en noir.
*Les 50 années suivantes de la vie de Pandora*
Les cloches raisonnent. Un frisson remonte dans la colonne vertébrale de Pandora. Elle a une quinzaine d’années en apparence, des années qu’elle refusait d’enterrer ses parents, mais dans sa tête, elle a bien plus. Coulant un regard sur la salle, elle grimace doucement. Elle est la seule qui se soit vêtue de noir. Comment mettre du blanc, alors que sa mère est morte dans sa chemise de nuit blanche ? Se forçant à reporter son attention sur le corps de ses parents étendus devant elle, Pandora sert les poings avec force. Elle est la seule sur la rangée, la seule et dernière des Leitween. Le guérisseur s’avance et parle, mais elle ne l’écoute pas. Elle veut partir, loin, très loin. Puis elle entend qu’elle doit s’avancer. Se forçant à mettre un pied devant l’autre, elle ne peut pas ouvrir la bouche. Où elle va hurler. Encore. Et encore. Puis son regard se pose sur le visage de sa mère. Ses jambes lâchent, elle n’a plus la force de tenir. Des bras la rattrapent et elle apperçoit, avant que le noir l’emporte, le visage de Kyriann. «
Sors-moi d’ici. » Et elle sombre.
Elle a surmonté sa douleur. Mais Belioz a commencé à regrouper des troupes. Un matin, Pandora se retrouve dans la salle Emeraude. Son oncle prend de plus en plus d’empleur et il faut qu’elle monte sur le trône. Sauf qu’elle n’en a pas la force ou le courage. Mais elle prend la décision de le faire. Il est hors de question qu’elle laisse se monstre ou ses fils, prendre le pouvoir.
*L’accession au trône de Pandora*
Se regardant dans la glace, elle ne cesse de penser à ses parents. La domestique a insisté pour l’aider à enfiler cette robe noire, faite de dentelle, avec une grande traine. Pandora a presque l’impression d’aller se marier, mais c’est dans les traditions de son peuple, alors elle ne dit rien. Elle entend la domestique qui se recule, avant de lui dire que sa coiffure est prête et qu’il ne reste plus que ses chaussures. Entendant frapper, Pandora sourit doucement, en voyant Délian. «
Tu dois manger ma chère. » Mais l’estomac de la jeune-femme est noué. Pourtant, elle se force à avaler le sang de vache qui se trouve dans le verre. Se redressant grâce à l’aide de son parrain, elle enfile ses chaussures et se tourne vers lui, le regard anxieux. «
Tout va bien se passer, je te le promets. »
Sortant de sa chambre, Pandora s’arrête devant la grande église. La dernière fois qu’elle y a mis les pieds, c’était pour ses parents. Fermant les yeux, elle n’entend pas le coup venir. Mais elle le sent. Son corps tombe, et sa tête heurte violemment le sol. Tout est noir autour d’elle, mais elle entend les pas qui courent dans tous les sens. Et surtout, elle ne reconnaît pas les bras dans lesquels elle est posée.Au loin, une voix raisonne. «
La princesse est enlevée ! »
*La découverte de la famille de Pandora*
Ouvrant les yeux péniblement, elle grimace. Sa tête est lourde. Essayant de bouger, elle en est incapable. Baissant les yeux, elle voit les chaines qui la clouent sur cette table. Tournant la tête, elle reconnait cet homme. Belioz. Hurlant des insultes, elle n’a qu’une envie : lui arracher le cœur comme il l’a fait à ses parents. L’homme s’avance et s’assoit à ses côtés, caressant doucement la joue de Pandora. «
Ma nièce … Tu es encore bien plus belle que ma chère sœur ne l’était. La nature t’a gâté. Laisse-moi te présenter tes cousins : Darren et Daegan, mes jumeaux maléfiques. » Les deux jeunes-hommes s’avancent. Leur beauté est parfaite, mais elle ne ressent que de la haine envers eux. Pendant de longues minutes, ils se défient du regard. Et la voix de Belioz raisonne de nouveau. «
Daegan, tu sais ce qu’il te reste à faire. »
De longues journée à subir les diverses tortures. Daegan, guerrier imbattable, voulait l’endurcir soit disant. Mais elle souffrait plus qu’autre chose, en réalité. Et pourtant, au fond des pupilles du jeune-homme, elle a l’impression qu’il regrette ses actes. Un soir, alors qu’il se penche, prise dans un élan de fatigue et d’impulsivité, elle pose ses lèvres sur celles de Daegan. Un baiser, brutal mais passionné. Et les jours qui suivent, d’autres s’échangent. Elle sait qu’elle ne devrait pas éprouver des sentiments pour l’homme qui la torture, mais c’est plus fort qu’elle. Jusqu’au jour où elle l’entend raconter ces baisers avec son jumeau. Où il avoue qu’il s’en fout, que c’est Belioz qui lui a demandé de faire ça. Son cœur se brise en morceaux. Et les jours qui suivent, les baisers n’ont plus les mêmes goûts. Un soir, elle voit sa mère. Sa douce Eliana qui lui dit comment détacher ses liens. Se concentrant, malgré la douleur qui irradie autour de ses poignets et de ses pieds à cause de la peau arrachée, Pandora arrive à s’enfuir. Elle brise une fenêtre et sort, même si elle entend les gardes qui se mettent à sa poursuite. Elle profite de pouvoir sortir au soleil, même si c’est douloureux, pour avancer. Elle fuit, encore et toujours. En arrivant à Marevan, elle cherche son parrain. Mais il est introuvable. L’étendard qui orne la porte du château, n’est plus le même. La guerre ravage le pays. Et n’étant pas en état, elle fuit loin de ses terres. Dès qu’elle sera en mesure d’affronter Belioz et ses fils pour ramener la paix, elle reviendra. Elle se le promet.